Mary Mulderry MacIsaac: (Re)coller les morceaux

À la manière d’un songe, ses œuvres convoquent des morceaux de photographies, des bouts d’images trouvées au hasard et des mots qui résonnent étrangement.

Née à Halifax, en Nouvelle-Écosse, la créatrice Mary Mulderry MacIsaac s’est lancée corps et âme dans la confection de collages il y a trois ans.

Celle qui développe sa carrière artistique depuis 2009, après avoir terminé des études en cinéma à l’université Concordia, quitte son emploi de cuisinière en raison de blessures répétées. «J’ai dû repenser ma façon d’aborder le travail, se souvient-elle. Et par extension, j’ai questionné ma créativité et la création dans son ensemble.»

Pour étoffer son introspection, elle revisite de vieilles photos et commence spontanément à les découper et les assembler à sa guise. Elle prend alors soin d’enlever les visages des protagonistes et se rend compte qu’un sentiment de nostalgie universel ressort de ce processus.

Depuis, l’artiste visuelle montréalaise offre au public des collages intrigants qui varient dans leurs formes et leurs teintes selon ses émotions et les expériences qui s’invitent dans sa vie. Et l’art est thérapeutique, souligne la collagiste. «Je chéris les moments où ma concentration créative me permet de résoudre des problèmes et d’atteindre une meilleure compréhension de moi-même», dit-elle.

La matière qu’elle touche et manipule en coupant et collant lui confère une satisfaction qui n’égale jamais la relation parfois trop superficielle avec l’art présenté sur les supports digitaux.

L’art comme journal

Depuis que le médium du collage s’est présenté à elle, Mary qualifie également sa production de prolifique. À la manière d’un journal intime, sa démarche se veut le reflet de ce qu’elle vit au jour le jour. «Je me suis récemment surprise en utilisant le terme «art du calendrier» [calendar art] pour expliquer ma tentative de prendre des notes, de créer des horaires, de comprendre le temps, les événements ou les plans – encore plus pendant une telle période d’incertitude mondiale, relève-t-elle. La façon dont j’enregistre mes activités, mes humeurs, mes idées et mes rêves m’a poussé à créer et à conserver des livres faits à la main et remplis à la fois de collages, de morceaux de calendrier et de textes. Pourquoi? Je n’en suis pas sûre. Probablement pour maintenir un peu de raison dans un monde chaotique.»

En plus de panser des blessures – individuelles et collectives -, sa pratique du collage lui ouvre les portes d’un langage à part entière. En tant que personne vivant avec des douleurs chroniques, le collage est devenu son alternative favorite pour s’exprimer. « Le support est déjà créé et imprimé – c’est à l’artiste d’augmenter, de transformer et de construire quelque chose de nouveau à partir de ce qui existe déjà. »

Parfois, l’ajout de quelques mots donne un sens encore plus profond aux messages qu’elle dilue dans ses créations.

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article rédigé par : Claire-Marine Beha

écrit le : 29 septembre 2020