3 (+1) questions à Keeyana Ezna

Artiste émergente à l’univers éclatant et ludique, ses dessins sont souvent accompagnés de phrases qui tantôt consolent, tantôt revendiquent. Keeyana Ezna, alias Teenadult, nous invitait chez elle au printemps dernier pour l’épisode 4, lorsque la pandémie entamait son emprise. Elle était alors déjà convaincue que l’art visuel agit comme un baume sur nos anxiétés collectives et elle appréhendait son rôle d’illustratrice et peintre comme étant essentiel.

Depuis, l’artiste visuelle n’a cessé de créer et de captiver son public, tout en soulignant les luttes antiracistes et les réalités des personnes noires avec autant de gaieté que de détermination. Les émotions affluent à la vue de ses personnages charismatiques, et c’est tant mieux. Entrevue.

2020 s’achève enfin! Comment vas-tu?

Ça va super bien honnêtement! Je me considère assez chanceuse artistiquement. Pas nécessairement en matière de travail, mais pour ma créativité. On dirait que, pour le moment, mon cerveau ne s’use pas. Je ne me remets plus trop en question et je fonce. D’ailleurs, j’aimerais beaucoup travailler sur une grosse collection de toiles que je sortirais pour mon anniversaire, en avril 2021, mais c’est à suivre. Sinon, j’ai encore quelques contrats. 

De célébrer la joie noire, de l’illustrer, c’est politique. 

Récemment, tu as beaucoup dessiné d’œuvres engagées en faveur des personnes Noir.es et du mouvement Black Lives Matter.

Je pense que tout ce que je dessine part d’une émotion que je ressens. De là, dessiner m’aide à la comprendre davantage et à mieux la digérer, je crois. Je ressens aussi énormément le besoin de communiquer avec les gens qui me suivent à travers mes dessins. Cette année a été super difficile en ce qui concerne le mouvement Black Lives Matter et la lutte antiraciste en général, donc je veux que toutes les personnes noires qui aiment et voient mon travail sachent qu’elles ne sont pas seules.

Je pense qu’il est aussi important pour moi de rappeler, à travers des œuvres ayant des messages de joie et de care, que d’être noir-e, ce n’est pas exclusivement la lutte antiraciste et les moments de tristesse et de colère. De rappeler qu’on vit et qu’on mérite des moments de joie. De célébrer la joie noire, de l’illustrer, c’est politique. 

Qu’est-ce que tu aimerais voir émerger à la suite de cette année houleuse? 

Une prise de conscience générale chez les gens, ainsi que beaucoup de bonheur pour tous-tes. Je pense que tout le monde doit apprendre de cette année. On a dû et on doit continuer à faire beaucoup de sacrifices. On a développé, je crois, et on a doit continuer de faire preuve de plus d’empathie. 

Quel serait ton projet de rêve? 

Je pense que mon projet de rêve, pour le moment, serait de vendre des vêtements confectionnés par moi de A à Z. Mais, pour ça, je vais devoir apprendre à coudre! [rires]

🎧 Écoutez l’épisode L’art (et la vie) au temps du confinement

Oui, c’est elle qui a réalisé la pochette de l’épisode 4!

article rédigé par : Claire-Marine Beha

écrit le : 28 décembre 2020